6 mai 2013

[Interview] Crâne Angels




De passage à Mulhouse par un beau jour de juillet 2012 pour y offrir un concert gratuit, la troupe Crâne Angels avait pris le temps de répondre à mes nombreuses questions pendant un entretien qui durera plus de 40 minutes.



YYF : Vous vous connaissez depuis combien de temps ?

Micka : Sexuellement ? Non, ben écoute il y en a qui se connaissent, comme Dorian et moi, depuis le lycée, donc 10 ans, et puis…
Lisa : … Moi je connais Charlotte depuis la maternelle…
Micka : … et d’autres qui se connaissent depuis la primaire aussi, mais sinon ça doit faire 5 ans à peu près qu’on se connaît tous.

YYF : Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ?

Lisa : Chacun avait un peu ses groupes avant, et puis on a monté un groupe ensemble. Mais il n’y avait pas tout le monde au départ.
Alex : La première date ensemble avec le collectif Iceberg c’était début 2005, et avec les Crane c’était en 2007.
Romain : C’est Micka qui a pas arrêté de ramener plein de gens dans le groupe, il a fait plein d‘erreurs d’ailleurs.
Lisa : Ils sont partis depuis.
Romain : (en regardant Lisa) Moi je pense qu’il y a encore des erreurs dans ce groupe.
Arthur : Et puis on vient tous d’horizons différents.
Lisa : Électro, garage…
Micka : « Véritable ovni de la scène bordelaise… », « Véritable pot-pourri d’émotions… Feu d’artifice de sentiments ».

YYF : Nantes, Lyon, Mérignac, puis Paris pour le festival Solidays. Comment se passe votre tournée ? Un moment fort ?

Arthur : Il y a eu des moments extrêmement forts à Solidays : j’ai pété la gueule à un taxi ! C’était horrible : le mec aurait du m’amener à l’Hippodrome de Longchamp, mais m’a paumé, il m’a demandé 30 € alors qu’on était hyper loin du festival. Comme j’avais fait la teuf toute la nuit, que je n’avais pas dormi, que j’étais bourré, énervé un peu aussi, quand il m’a un peu bousculé parce que je ne voulais pas qu’il parte, je lui ai explosé le nez. Du coup j’étais à une heure et demie à pied du festival, je suis arrivé sous la pluie, déprimé.
Lisa : Saint-Cadou c’était vraiment sympa aussi. On l’a rebaptisé Saint-Gadoue, parce qu’il y avait un peu de gadoue.
Arthur : Avec Jason Lyttle au Krakatoa à Mérignac. Il y avait plein de fans de Grandaddy dans le groupe et quand on a joué avec eux c’était super.
Lisa : C’était un moment fort, mais poétique. Saint-Cadou c’était un moment fort, mais pas très poétique.
Arthur : Saint-Cadou c’était un gros piège à la base : un festival de hippies, avec que des jeux moyen-ageux, des toilettes sèches… Mais après ce sont des Bretons. Ils se ravagent la tête et font la teuf c’est un truc de fou quoi. On a eu une coupure de courant, et on a fait un truc hyper ringard, mais là c’est passé. Enfin Romain a pas réussi à le faire.
Romain : Il a voulu m’obliger à jouer un solo de batterie que je n’ai pas voulu faire et j’ai quand même réussi…
Arthur : … à jouer We Wil Rock You et à rater !
Micka : Et le public connaissait hyper bien les paroles.
Lisa : Il ne chantait pas du tout les paroles, il faisait du yaourt !
Micka : Le courant est revenu après et on a joué notre dernier morceau. Les gens étaient fous à lier quoi.
Arthur : On aurait dit que c’était fait exprès. Moi j’aimerai même le faire exprès. À la base on pensait que ce serait nul, faut quand même le dire. Quand on est arrivé, on s’est enlisé ; on nous dit qu’il n’y a que des toilettes sèches ; il y avait de sandwiches un peu bizarre aussi. Le contraire de Nantes, où le concert était pourri, mais on avait des super loges. On a rencontré un enculeur de vaches après.
Lisa : On a fait du rock acrobatique dans la boue. J’en avais dans les cheveux en rentrant le lendemain, c’était une horreur.
Alex : Au 104 à Paris, on a eu un concert mémorable. Il y avait un gros son, un confort sur scène. Les gens étaient surpris, ils ne nous connaissaient pas ; c’était plus gentillet, mais on a fait un bon concert.
Arthur : On a fait un bon concert, par contre Amon Düül II, qui était la tête d’affiche de cette soirée, c’était pourri.
Lisa : C’était assez glauque. Zombie Zombie au contraire c’était vraiment pas mal.

YYF : Vous prenez une direction différente depuis votre dernier album. Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui va changer ?

Arthur : Encore plus de bruit !
Lisa : On a pris des couilles.
Micka : Ce sera moins pop. Maintenant on part sur une base instrumentale — guitare, basse, batterie — alors qu’avant on partait que sur des chœurs, des chants a capella.
Arthur : C’est moins une chorale et plus un groupe de rock avec plein de chanteurs. Si tu as écouté l’album, tu verras que le concert n’aura rien à voir.
Romain : Ça n’a pas rien à voir non plus, Attila et Morning Sun sont assez proches dans l’esprit.

YYF : Comment travaillez-vous pour conjuguer non seulement les influences, mais également les exigences de chacun ?

Lisa : On s’engueule.
Alex : On ne fait aucun compromis, que des sacrifices.
Micka : On bosse une chanson jusqu’à ce que ça plaise à tout le monde donc ça prend un peu de temps parfois.
Romain : Souvent, quelqu’un apporte une idée, on la déconstruit complètement et puis à la fin on obtient un truc différent de ce qu’on avait au départ.
Arthur : Des fois ça change aussi très peu. Il n’y a pas vraiment de règles quoi.

YYF : On vous a souvent envie de vous comparer à I’m From Barcelona ou The Polyphonic Spree.

Micka : On nous compare à ces groupes, mais on ne les écoute pas tous. Moi c’est The Polyphonic Spree qui m’a donné envie de faire ce qu’on fait aujourd’hui.
Arthur : The Polyphonic Spree c’est un mec qui compose des chansons et qui invite des gens à chanter avec lui, le fonctionnement n’est pas du tout pareil. Et puis ils sont bien 20 à chanter en moyenne.
Micka : Nous on a été 50, avec plein de choristes ; ça s’appelait L’Armée Des Anges, avec tous nos potes qui venaient chanter à 40, une énorme chorale derrière nous.
Romain : On l’a fait, deux, trois fois, pour de grands évènements.

YYF : Vous vous définiriez plutôt comme un groupe ou une chorale, et pourquoi ?

Tous en chœur : Un groupe !
Lisa : Parce qu’on ne sait pas chanter. [rires]
Arthur : On n’a pas vraiment de techniques vocales dignes d’une chorale.
Romain : On ne revendique pas d’êtres des chanteurs hyper fort. Après ce n’est pas qu’on chante mal, il y en a qui chantent bien aussi.
Micka : Mais on espère aussi être une chorale, pour ceux qui chantent. C’est une aspirance.
Lisa : Aspirance : néologisme, n. f., métissage entre aspiration et espérance.

YYF : Ça donne quelle sensation de finir un album que vous avez mis 4 ans à élaborer ?



Lisa : On n’a pas vraiment mis 4 ans à élaborer l’album.
Arthur : Enfin entre les répétitions, les tournées et l’évolution du groupe, les morceaux n’ont pas cessé d’évoluer.
Romain : Si tu veux, il n’a pas été composé en tant qu’album, mais plus en tant que compil » de tout ce qu’on joue depuis des années, avec un tri. C’était aussi histoire de poser un jalon, de rentrer dans le métier.

YYF : Est-ce que vous avez eu du déchet sur cet album, du surplus ?

Micka : Il y a un morceau qu’on a mis sur l’album, mais qu’on a pas mis sur le Maxi pour des questions de timing, Queen Of The Night et un autre dont on n’était pas content, qu’on a mis sur notre SoundCloud.
Arthur : Ça ne vaut pas vraiment le coup d’y aller, je pense.
Micka : Il y a les petites perles, les offs, les B-side.
Arthur : Tu peux aussi écouter des morceaux qu’on a faits avec d’autres groupes et qu’on a repris à la sauce Crane Angels. Enfin d’autres groupes, c’était jamais vraiment des groupes.

YYF : Un DJ set Iceberg, ça se passe comment ?

Lisa : Mal ! [rires]
Micka : Il y a des moments cools et des moments cons.
Lisa : On nous a harcelés une fois pour passer The Cure, j’ai mis un truc dégueulasse et après on a passé 10 minutes d’électro allemande et de minimale.

YYF : Vous avez reçu une critique assez forte de la part d’un blogueur récemment, pour votre performance au festival Solidays. Vous gérez comment les critiques ?

Arthur : Je gère ça comme les taxis en général.
Micka : Ça nous fait chier, mais bon.
Arthur : L’article a été retiré depuis. L’auteur a disparu, il a dû tomber dans la Garonne.
Lisa : Il a eu deux critiques dégueu, et une positive. C’est étrange parce qu’au Festival Solidays les gens sont assez réceptifs.

YYF : Vous semblez être très connecté à la blogosphère, aux différents acteurs de la musique sur Internet ?

Romain : On est Facebook, mais pas très blogosphère.
Arthur : C’est tout un réseau avec le collectif Iceberg, des Tumblr, des blogs, etc.



YYF : Pourquoi ce titre de Sylphide de Brighton ? Une référence à l’antique et une autre à une ville moderne.

Lisa : « Un triangle dans un carré », c’est quoi la phrase originale ? Un de nous dessinait sur la vitre de mon Opel pendant un trajet, on a eu une discussion assez longue.
Micka : C’est un mélange de religion, de science, de mysticisme qu’on a inventé et qu’on nourrit.
Alex : C’est une belle philosophie. C’est du non-sens au plus pur de l’absurde.
Micka : C’est un concept, il n’y a pas de rapport entre les mots, faut pas les prendre séparément en fait.

YYF : Une première partie que vous avez particulièrement apprécié faire pendant vos tournées ?

Romain : Alors on a déjà dit Jason Lyttle, il y a quoi d’autre ?

Arthur : Moi étonnamment j’ai bien aimé Dark Dark Dark.

Alex : Gablé pour moi.
Micka : Montgomery ; ce n’était pas vraiment une première partie, mais on a joué avec eux à un concert.
Arthur : Gravenhurst c’était minable.
Lisa : Fránçois And The Atlas Mountains nous on mis une claque plusieurs fois en live. Petit Fantôme qui a joué avec nous avant est super aussi.

YYF : Un endroit plus sympa qu’un autre où jouer ? Un pays ?

Lisa : Un pays ?! Mais on a joué qu’en France, on est des pecnots !
Arthur : Parle pour toi !
Romain : Demain on va en Suisse, pour la première fois de notre vie on sort de France avec les Crane Angels.
Arthur : La Bretagne c’était super. Il me tarde de jouer à Guethary. Au moins on va se baigner.
Micka : On aime bien jouer au bord de la plage.
Arthur : En général les villes où il y a un hôtel vraiment bien on les aime bien aussi.
Lyon : L’Épicerie Moderne
Micka : Au 104 c’était génial, hyper gros son. Après c’est souvent dans les petites salles qu’on a eu un rapport avec le public hyper fou.
Romain : Quand on a fait un des premiers concerts à Paris au Chiquito dans la cave de 60 personnes, surblindée, c’était génial.
Arthur : On était tous à poil, on aurait dit un groupement homo complètement fou.
Alex : C’est toi qui étais à poil.
Romain : Plus on est proche du public plus on se marre en général.

YYF : Quel est le dernier groupe que vous avez vu en concert ?

Romain : Thee Oh Sees.
Micka : The Soft Moon. Un gros son en concert.
Arthur : Moi c’était Bazooka, un groupe Grec de garage un peu nineties, qui joue à deux batteries, deux grattes, deux basses, c’était monstrueux.

YYF : Et celui que vous voulez voir au moins une fois dans votre vie ?

Micka : Queens Of The Stone Age, Radiohead, Ray Sugar
Romain : Moi je vais voir Thurston Moore, mais j’aimerais aussi beaucoup voir TV On The Radio.
Arthur : Eagles Of Death Metal, les Melvins.

YYF : Avec qui aimeriez-vous faire une collaboration ?

Arthur : Queens Of The Stone Age.
Micka : Avec Flaming Lips, ils ont un sacré matos.
Lisa : Montgomery moi j’aime bien, je les trouve cool. Et Beyoncé, Timbaland !
Romain : J’aimerai bien être produit par le mec qui a supervisé les Tame Impala.
Alex : J’aimerai faire un truc avec le mec qui a produit les Mercury Rev, Dave Fridmann, ou faire une Desert Session.
Micka : Je jouerai bien au Coachella Festival. C’est bien commercial, mais c’est bien cool.
Romain : Moi j’aimerais bien faire une All-Tomorrow Party, ça serait super classe.

YYF : Si vous n’étiez pas musiciens, qu’est-ce que vous aimeriez faire ?

Arthur : Du porno !
Alex : J’aimerai faire de la cuisine diététique.
Arthur : Je m’appellerai David Lalongue.
Romain : Je serai Champion du monde de Tetris.
Lisa : Je m’appellerai Courtney Cock, et on ferait du rock porno acrobatique avec David Lalongue.
Micka : Prof d’art plastique à la fac que pour les étudiantes.
Arthur : Prof d’art plastique à la fac aux États-Unis pour aller à Coachella.

YYF : Vous enregistrez un nouvel EP en ce moment. Pour quand est prévue la sortie ?

Arthur : On peut te filer le nom en exclu : Duhort Bachen, qui sortira le 16 octobre sur Animal Factory.
Micka : Peut-être en vinyle.

YYF : Qu’est-ce qui tourne sur votre iPod en ce moment, et quel est le dernier album que vous avez acheté ?

Arthur : Je viens d’acheter le split Ty Segall / White Fence.
Romain : Moi en ce moment j’écoute Joey Bada$$
Alex : Et moi j’écoute l’album de Julien Pras.

YYF : Un groupe français à conseiller ? Bordelais ?

Arthur : JC SATAN !
Romain : Destination Lonely, Chocolat Billy
Arthur : The Lonely Walk
Micka : Strasbourg, Alba Lua

YYF : Des festivals cet été ?

Romain : On sera présent à la troisième édition du festival Baléapop à Guéthary, et à Rock En Seine, fin août, également.

YYF : Un dernier mot ?

Micka : Cool. 
Romain : Saucisse.
Micka, Romain : Sperme.
Arthur : En trois mots j’ai « enculeur de vaches ».


Un grand merci au groupe pour avoir répondu à ces nombreuses questions, à Morgane pour la coordination, ainsi qu'au Noumatrouff.


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