3 juil. 2012

[Interview] Music Is Not Fun

De gauche à droite : Julien, Guillaume et Valentin.

De passage à Strasbourg le 20 juin pour un concert aux côtés de Rover et The Lanskies, Music Is Not Fun a pris le temps de m'accorder une interview pour parler de leur nouvel album, Nuit Et Jour, leur tournée à Montréal, leur rencontre avec Mickael Furnon (ex-Mickey 3D) et ce qu'ils trimballent sur leurs iPods.


YYF : Pour commencer, depuis combien de temps vous connaissez-vous ?
Julien : On se connaît depuis 5 ans, mais on s’aime depuis 1 an seulement.

YYF : Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ?
Guillaume : On s’est rencontré et on a fait la musique tout de suite.
Julien : On a jamais vraiment eu d’expériences musicales avant, c’est notre premier groupe.
Guillaume : Du coup on a un peu tâtonné, on a fait beaucoup d’expériences.

YYF : Avec quel instrument avez-vous commencé ?
Guillaume : Ça varie un petit peu, Julien s’est mis au piano.
Julien : Au clavier en fait ; j’ai fait une tentative au saxophone mais on m’a dit que ce n'était pas pour moi, que je ferai mieux de me rediriger vers le foot, les échecs. Je suis quand même retourné vers la musique.
Guillaume : Ce qui a évolué, c’est que moi je fais un peu moins de guitare, je fais pratiquement que du chant. On s’est recentré sur nos instruments plutôt que d’en pratiquer de nouveaux; Valentin c’est la basse, Julien c’est la guitare, moi je suis chant et Renaud est à la batterie. On a tenté des trucs... Mais on arrête de tenter.

YYF : À partir de quel moment avez-vous commencé à apprécier votre musique ?
Julien : Dès nos premiers morceaux enregistrés, je pense. Après en grandissant on voit qu’il y a des trucs qui ont été mieux faits que d’autres, ou qui auraient pu être faits autrement.
Valentin : On a tout de suite aimé ce qu’on faisait puisqu’on le faisait, mais c’est vrai qu’après coup, quand on regarde ce qu’on a fait, on se dit qu’il y a des choses qu’on aurait pu mieux faire.
Guillaume : Moi je pense différemment, j’aime ce qu’on fait depuis quelque temps seulement, depuis un an. On n'a jamais fait quelque chose qu’on n'aimait pas : si on avait su que c’était pas terrible, on aurait simplement arrêté, mais comme je l’ai dit plus haut, on a tâtonné au début. Il y a une question d’honnêteté aussi : le passage au français nous a permis d’apprécier plus ce qu’on faisait. Quand on a fini la tournée en anglais, on avait hâte de passer au Français. Ça fait un an qu’on se sent plus honnête, musicalement. Parce qu’à côté on agresse toujours des petites vieilles.
Julien : Et on est menteur. Beaucoup, beaucoup de mensonges.

YYF : Comment s’est passée votre tournée jusqu’à maintenant ? Un moment fort ?
Guillaume : On revient juste du Canada, on a passé une semaine à Montréal, on a fait les Francofolies là-bas. 
Julien : Prendre l’avion avec tes tcheums et ta guitare, c’était plutôt cool. On était assez fier de pousser notre Caddi avec les guitares, avec l’autocollant fragile.
Guillaume : On a fait plein d’autres dates avant, pour lancer l’album : on a tourné en Belgique, en Allemagne, en Italie et beaucoup en France. C’était cool, mais on a aussi eu des dates extrêmement merdiques : à la Cigale à Paris ou au festival Rock en Seine. Dans l’absolu, toutes les dates sont sympas, parce que t’y vas avec ton groupe.
C’est vrai qu’au début on était un peu fou-fou, on avait un vieux camion et on tournait comme ça. MySpace existait encore à l’époque.
Julien : On tire notre plaisir du live surtout, on aime être sur scène.

YYF : Où en êtes-vous dans votre tournée justement ?
Guillaume : On est au premier tiers.
Julien : On est en milieu de première mi-temps.
Guillaume : On mène 1-0, ça se passe assez bien.
Julien : Petite avance confortable, mais le match n’est pas plié.

YYF : Pour aborder l’album, est-ce que vous avez eu du déchet sur cet album, le luxe d’avoir des chansons en « trop » ?
Guillaume : On est arrivé avec beaucoup de titres en studio. C’est quelque chose que tous les artistes disent mais auquel on ne croyait pas trop. Au final, il vaut mieux arriver avec plus de titres, parce que le passage en studio est une période courte et intense ; certains de nos titres qu’on aime beaucoup n’ont pas été faits, d’autres ont complètement changé, Télévision notamment, qui ne ressemblait pas du tout à ça au début.
Julien : On avait fait pas mal de démos avant ; il y avait deux univers, on a raccroché certains titres ensemble et ça a donné Nuit Et Jour.


YYF : Le visuel du disque, c’était important pour vous ?
Guillaume : Oui, très important. Toute la partie graphique était ultra-importante, depuis longtemps, depuis le début en fait. On ne voulait pas mettre nos têtes, faire quelque chose de classique, on aime bien prendre des risques.
On a travaillé avec un photographe, qui devait faire des photos de nous, mais on lui a demandé quelque chose de spécial ; et il y avait ce chien, qui trainait, qu’on a trouvé élégant... C’est l’iconoclasme aussi, quelque chose qui fait sens pour nous et qui est marquant. Du coup Julien a adopté le chien après.
Julien : Je l’ai adopté et ça m’a vite gonflé… Je ne sais pas où il est.
Guillaume : En parlant de ça, il ne faut pas abandonner les chiens.
Julien (à lui-même) : C’est quand je suis allé faire les courses.

YYF : Une première partie que vous avez particulièrement apprécié faire pendant vos tournées ?
Julien : On a pris beaucoup de plaisir à tourner avec les BB Brunes, les gars étaient vraiment cools, et leurs concerts sont bondés, avec un public hyper à fond. J’étais très fier de jouer avec les Charlatans et les Rascals aussi.
Guillaume : C’est très sympa de jouer dans les festivals : on a fini par jouer à Guitar Hero avec le batteur des Libertines par exemple.

YYF : Avec qui aimeriez-vous faire une collaboration ?
Guillaume : On a vu un concert des Brigitte aux Francofolies de Montréal qui était exceptionnel, vraiment génial. Elles font quelque chose de très sympa, il y a beaucoup d’humour, du second degré comme on a pu en mettre dans l’album, et c’est quelque chose qu’on apprécie chez les artistes : faire quelque chose de sérieux, sans se prendre au sérieux. Nous on aime pas Noir Désir.
Julien : Ou Pep’s.
Guillaume : Il faut savoir avoir du recul sur ce qu’on fait, mettre du second degré, ce que les anglo-saxons ont toujours faits, comme Blur, et qui fait qu’un groupe comme Oasis est devenu un peu miteux sur la fin.
Julien : On balance.
Guillaume : Au Canada les musiciens ont cette qualité, et même en France, Mickey 3D et même BB Brunes finalement. En plus les Brigitte sont jolies, ça tombe bien. Surtout Sylvie. Bon. Voilà.

YYF : Comment s'est passé la rencontre avec Mickael Furnon (ex-Mickey 3D) avec qui vous avez chanté sur Taratata ?
Julien : On travaille avec le même manager et on travaille à côté, lui est à St-Étienne, nous sommes à Lyon.
Guillaume : Il a écouté notre album et a adoré, pour le côté années 80, à la fois rock cra-cra et très analogique. On lui a proposé de faire L’Amérique de Joe Dassin, ce qui est assez second degré et reste également un très bon morceau.



sur le site de Taratata

YYF : L'Amérique est un choix réfléchi donc ?
Guillaume : C’est à la fois parce que c’est un bon morceau et parce que l’Amérique c’est tout un symbole. Ça a du sens, comme un chien.

YYF : Métro titrait en janvier 'Les nouveaux enfants du rock'. Est-ce que vous avez l'impression de faire du rock, d'appartenir à un genre ou à un autre ?
Julien : On vient juste d’être adopté, on ne connaît pas encore toute la famille, on a très envie de rencontrer tonton, tata…
Guillaume : On se sent plus proche de la scène française représentée par Mickey 3D, Delerme ou Brigitte que la scène rock teenage qui est apparue en 2006-2008. On se sent plus proche d’Étienne Daho, de Jacno ou des Rita Mitsouko dans la démarche. Il s’agit d’aimer une musique anglaise mais vouloir la faire en français.
Julien : On veut pas faire un truc sérieux, mais pas non plus un truc bête et gratuit non plus.
Guillaume : On ne s’appelle pas Tournée Générale.
Julien : On fait un concert pour la fête de la musique avec un groupe qui s’appelle Tournée Générale
Guillaume : On n'appartient pas à la variété française ni au rock français. On ne se sent pas proche de Noir Désir ni de Bénabar. Louise Attaque, un groupe rock qui reste un peu indé dans sa démarche, Les Rita, Dionysos, ça ce sont des groupes qui nous parlent.
Julien (pensif) : Mais Tournée Générale moi ça me parle…
Guillaume : Ça parle à ton foie.

YYF : On vous identifie à la chanson (Do You Love) My Shoes, et c'est surement la plus demandée par le public. Avec le nouvel album, à quelle chanson aimeriez-vous être identifié ?
Guillaume : Nuit Et Jour, parce que c’est un titre qui illustre bien l’album, à la fois blues, un peu eighties et un peu rock. C'est un titre complet. L'Envie et Paris sont deux titres rock légers mais cools, et on aime aussi Télévision, qui est un peu chelou, et nous permet d’aller un peu plus loin que notre univers musical ; c’est pas du rap ni de la dance, bien sûr, mais en gardant une instrumentation classique, on fait quelque chose qui n’est pas pop, rock, on va un peu ailleurs ; c’est un titre différent et qu’on aime beaucoup parce qu’il marche bien.
Julien : Exact.


YYF : Quelle conséquence a eu le placement de la chanson (Do You Love) My Shoes dans la pub Decathlon sur votre couverture médiatique ?
Guillaume : La publicité a été faite en 2010, et ça nous a permis d’avoir un nouveau label, de nouvelles personnalités avec qui travailler, d’avoir un studio plus grand…
Julien : Ça a ouvert des portes.
Guillaume : Ça validait notre premier album, qu’on a fait en anglais et dont était hyper fier, mais qui manquait une validation professionnelle, qui est arrivée justement avec cette publicité, et qui montrait que des gens en dehors du public ont aimé notre titre, ce qui nous donna, naturellement, l’envie de continuer.

YYF : Un pays, un public plus sympa qu'un autre ?
Guillaume : Je laisse répondre Julien, c’est lui qui se met les gens à dos.
Julien : Plus on grimpait dans le nord, plus les gens faisaient la fête en concert, c’était plus sauvage. Plus tu descends, plus les gens écoutent, observent, ça devient cérébral.
Guillaume : C’est peut-être à cause de la bière, il y en a plus d’en le Nord.
Julien : Ça c’est du stéréotype.

YYF : Qu’est-ce qui tourne sur votre iPod en ce moment, et quel est le dernier album que vous avez acheté ?
Julien : Le dernier album que j’ai acheté… Hunx And His Punx, du rock’n roll bien délirant ; le titre ‘Cruising’ est très bon.
Guillaume : Selah Sue pour moi, et avant, Miossec.

YYF : Quel est le dernier groupe que vous avez vu en concert en tant que spectateur ?
Valentin : Brigitte et un DJ set du DJ de 1995, les deux aux Francofolies.
On a vu les balances de Robert Charlebois, une star québécoise, et c’était vraiment marrant.
Julien : Hunx And His Punx, aux Franco aussi.
Valentin : Guillaume (absent à ce moment) a dû aller voir Miossec.

YYF : Et celui que vous voulez voir au moins une fois dans votre vie ?
Julien : Paul Weller, le chanteur des Jams.
Guillaume : Les Beatles ? Non, personne en fait, j’ai vu tous ceux que je voulais voir. Les Dandy Warhols peut-être, Blur aussi.

YYF : Si vous n’étiez pas musiciens, qu’est-ce que vous aimeriez faire ?
Julien : Responsable écologique d’un hôpital privé ou pilote d’essai.
Valentin : Menuisier.
Guillaume : Militaire, archéologue… Non, égyptologue !

YYF : Un groupe français à conseiller ?
Julien : Un chanteur qui n’est pas français mais canadien, Chinatown.

YYF : De la scène Lyonnaise peut-être ?
Guillaume : Il n’y a personne à Lyon à part nous.
Julien : Le Peuple de l’Herbe ; Pony Express, c’est très élégant.

YYF : Pour terminer, vous tournez dans des festivals cet été ?
Julien : On va faire les Francofolies à La Rochelle, et des petits festivals dans des petites villes dont on ne se souvient plus du nom.
Valentin : Le festival Les Arts’Scénics à l’Isle-sur-Tarn (Midi-Pyrénées) et Rock n’ Poche à Habère-Poche (Haute-Savoie) parmi d’autres dates.
Guillaume : Et demain on est avec un groupe qui s’appelle Tournée Générale à Saint-Dizier.


Merci au groupe pour sa gentillesse, à La Laiterie pour son accueil.

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