15 sept. 2012

[Interview] HushPuppies


En mars 2011, après 3 ans d’absence, le quintet à l'origine du hit You're Gonna Say Yeah! revenait avec un troisième album. Rencontre avec une des figures du rock français.

Je monte dans les backstage avec Olivier, le chanteur du groupe : les autres membres sont en train de faire les balances. Seul Cyrille est également dans les loges, il accorde sa guitare et précise que s'il intervient "ce sera pour dire une grosse connerie".


YYF : Pour commencer, vous vous connaissez depuis combien de temps ?

Olivier : On se connait depuis le lycée, depuis la seconde, donc depuis qu'on a 16 ans. On a 36 ans aujourd'hui donc ça va faire 20 ans. Après, le groupe n'a pas vingt ans ; moi j'étais dans les Lykids pendant 7 ans, puis on a formé les HushPuppies en 2003.


YYF : Pourquoi ce nom de HushPuppies ? Est-ce que c'est en rapport avec la scène des mods à vos débuts ?

Olivier : Ouais c'est ça, c'est les chaussures que mettaient les mods dans les années 60 ; c'est aussi les boulettes de maïs que les passeurs d'esclaves donnaient aux chiens pour les endormir, ils mettaient des somnifères dedans et ils pouvaient faire passer les esclaves. Tu vois, c'est un peu comme le brin d'olivier : ça représente la liberté, pour le symbole de paix et d'égalité entre les hommes… C'est quoi d'autre ?
Cyrille : …C'est déjà pas mal !


YYF : Où en êtes-vous dans votre tournée ?

Olivier : On a commencé fin Mars, d’ici fin Mai ça fera deux mois, après on enchaîne sur les festivals d'été et pas mal de dates tombent en septembre, octobre, novembre, décembre. C'est la fin du début si tu veux. Ou le début du milieu.


YYF : Vous êtes déjà venu à Strasbourg ?

Olivier : Je crois que c'est la troisième fois.
Cyrille : Peut-être quatre.
Olivier : On est venu au Festival des Artefacts, et puis aussi tout seul comme des grands.


YYF : Pour aborder l'album, pourquoi ce titre de The Bipolar Drift ? Est-ce que c'est par rapport à ce virage "pop-rock" que certains vous trouvent ?

Olivier : J'ai l'impression qu'on faisait du pop-rock avant...


YYF : En fait on vous qualifie souvent de groupe "garage" ou sixties.

Cyrille : Mais on n'a jamais fait de garage rock ! Peut-être quand on avait 17 ans. C'était des influences, on est plus ouvert maintenant.
Olivier : Même sur le premier album, il avait des morceaux garages, des morceaux plus lents, certains plus ambiants, des synthés bizarres; écoute Bassautohbahn c'est pas sixties ! Mais The Bipolar Drift c'est surtout en rapport aux travaux de Lawrence Lawford, qui a étudié les comportements humains et a donné son nom à une théorie, donc on lui a piqué pour en faire le titre de notre album !



YYF : Moui... Ce qui est marrant c'est que toutes les recherches Google sur Lawrence Lawford pointent vers votre interview... (Vérifié et véridique)
Olivier : Ah ben ça on y peut rien, c'est l'ignorance de tout le monde quoi !


YYF : Est-ce qu'il y avait une idée avant de produire l'album, comme le premier servait à construire votre identité et à transmettre votre énergie, le deuxième était plus centré sur la composition, etc. ? Le troisième est-il différent parce que vous avez eu plus de temps pour le produire où parce que vous le vouliez différent ? 

Olivier : Le temps c'est sûr que ça a joué, mais c'était surtout une volonté de proposer autre chose, pas de refaire un album de garage ; moi je trouve justement que l'album de garage c'était le deuxième plus que le premier. On a fait du HushPuppies là où tout le monde nous attendait en fait, même s'il y a des morceaux lents dedans. On s'est plus concentré sur la production de l'album pour le deuxième, sans proposer quelque chose de radicalement différent ou de nouveau. Au contraire pour le nouveau on voulait aller plus loin, explorer plusieurs choses, aller jusqu'au bout des idées. C'est d'ailleurs la première fois où on n'a eu du déchet, on a laissé des morceaux de côté qui étaient fini, et qu'on a pas enregistré, pour faire un album cohérent. Ça nous a aussi permis de mettre de côté ce qui était le plus "HushPuppies-ien", et de construire un album qui raconte quelque chose du début à la fin.


YYF : Est-ce que c'est un luxe d'avoir du déchet ?

Olivier : Ce coup-ci c'était plutôt un luxe; d'habitude on était un peu en recherche d'inspiration; on avait 10 morceaux, on les mettait les 10 sur un album; là au contraire on a pu faire quelque chose de cohérent, donc oui, c'est un petit luxe.
Olivier à Cyrille : Il y a pas du tout cru à Lawrence Lawford !


YYF : Vous avez déjà réfléchi à votre nouvel album ? Est-ce que vous avez déjà des projets ?

Olivier : On y a pas réfléchi du tout, mais je pense qu'il va être intéressant parce qu'on va le faire avec notre nouveau bassiste, Marc, donc une nouvelle influence s'ajoute au groupe, et c'est très important puisqu'on a l'habitude de composer en groupe. On a par contre réfléchi à la cadence, on s'est dit qu'on allait essayer de pas trop s'arrêter, pas faire de pause pendant 3 ans, d'être plus réactif et présent plus tôt sur la scène, pour des concerts entre autres.


YYF : Ce hiatus de 3 ans n’était justement pas volontaire. Votre label, Diamond Traxx, s'est écroulé...

Olivier : Oui, mais les deux premières années de pause étaient voulues, après effectivement, on a mis un an à trouver un label et à faire l'album.
Cyrille : On a jamais composé pendant les tournées en fait, en général on répète les morceaux et on change un peu le set. Cette fois on a vraiment la volonté d'écrire des morceaux pendant la tournée.
Olivier : Ce qui change la donne c’est aussi le live. Parce que quand t'es en «découverte» sur un premier disque, de gros festivals peuvent te rajouter à leur programmation sans prendre énormément de risques, et puis tu ne coûtes pas cher, et tu te retrouves à jouer un peu partout. On peut aujourd’hui composer pendant les tournées parce qu’on elles ne sont, si pas moins allégées, au moins plus étalées sur le temps que ce qu’on avait sur le premier album.



YYF : Alors que sur vos deux premiers albums ont vous voyait sur la pochette, sur le dernier c'est une illustration qui a pris votre place. Est-ce que vous avez participé à l'élaboration de l'identité visuelle de ce disque ?

Olivier : Oui, naturellement on y a participé, puisque l'album est autoproduit, mais on a choisi un illustrateur, Julien Pacaud, plutôt qu’un photographe. On ne voulait surtout pas avoir nos gueules sur la pochette, on ne voulait pas se mettre en avant, et c’est là encore une façon de se placer en rupture par rapport aux deux premiers albums.
Cyrille : Et puis c'est chiant de faire des séances photo pour les pochettes !
Olivier : C'est vrai qu'on a eu une très mauvaise expérience avec la couverture du second album, ça nous a un peu refroidis, on s'est dit qu'une illustration, ça allait régler le problème.


YYF : Un album plus physique qu’un autre en live ?

Olivier : En fait, puisqu'on ne joue jamais un seul album en live, je dirais plutôt que c'est l'enchaînement qui est fatigant. Mais un concert c'est toujours fatigant ; en tout cas chez nous, on mouille la chemise. 
Cyrille : Et puis les dernières chansons, même si elles sont, dans l'ensemble, moins énervées, restent tout aussi physiques sur scène.
Olivier : Même quand tu fais un slow, ça demande de l'énergie.
Cyrille : Des fois plus qu'un morceau très énervé; parce que t'es plus concentré, et qu'en plus, t'as besoin de mettre de l'énergie.
Olivier : Donc au final, sauter partout en chantant ce n'est pas le plus fatigant.


YYF : Est-ce que vous pouvez me parler de Fais-Moi Jouir et Natasha, les deux seuls morceaux que vous ayez interprétés en français ?

Olivier : Natasha est un très vieux morceau à nous, un des premiers qu'on ai écrit en fait, et le premier qui soit passé à la radio, sur Le Mouv' à l'époque (2004-2005). Ça nous a décidés à ne plus jamais faire ça, parce qu’on s’est rendu compte que le public nous verrait comme des rockeurs français.
On l'a enregistré en 45 tours pour le Pop In, avec en face B une reprise, comme le veut la tradition. Pour la cohérence on a mis Natasha, une autre chanson en français, qu’on adore également. On chantait Patrick Coutin quand on était gosses, qu’on allait en boite danser sur J’aime regarder les filles.
Cyrille : Et puis c'était un exercice de style, ça nous a permis de sortir de notre cadre habituel.


YYF : Une première partie que vous avez particulièrement apprécié faire pendant votre carrière ?

Olivier : On n'a jamais vraiment fait de première partie en fait, même au début, on était rarement programmé en première partie d’un groupe. Quand on en a fait, c'était sur des festivals, donc ça reste complètement différent. Mon meilleur souvenir de première partie, ce n'était pas avec les HushPuppies mais avec un groupe de garage qui s’appelle les Men In The Moon, où on a ouvert pour John Spencer ; ça reste un de mes meilleurs souvenirs.
Dès qu’on peut, on aime bien proposer à des groupes d’ouvrir pour nous en première partie ; on se fait un malin plaisir à chercher des petits groupes qu’on aime bien pour les faire participer. Après, je ne dis pas que c’est un super tremplin pour eux, mais c’est toujours quelque chose et ça nous fait plaisir.


YYF : Un groupe français à conseiller ?

Olivier : Les Concrete Knives, avec qui on a joué à Lille, et qu’on a fait venir pour notre première partie à Paris. Je ne sais pas s’ils ont besoin de nous, comme ils étaient déjà dans les Découvertes du Printemps de Bourges, mais ça nous a fait plaisir.


YYF : Les derniers albums que vous avez achetés ?

Olivier : Récemment ? Les albums de Tame Impala et Sparklehorse. Black Angels aussi, que j’ai vu à la Cigale. En fait j’ai préféré la première partie, qui était assurée par des Français, Wall Of Death. Du bon psyché-rock.


YYF : Pour terminer, dans quels festivals pourra-t-on vous retrouver cet été ?

Olivier : On fait les Francofolies et Rock En Seine, un truc de surf aussi.


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