20 nov. 2012

[Interview] Basto // Lazy Jay

© Margot Rieder





















Basto, de son vrai nom Jef Martens, est un musicien et DJ Belge dont les succès en tant que producteur remontent à 2005, mais qui ne se fait connaître en France qu'en 2011 avec un morceau de House intitulé Gregory's Theme. Après des remix pour Kylie Minogue, Moby et Sander Van Doorn, le succès devient international pour le DJ, qui sort l'excellent Again And Again en fin d'année, très vite repris par les DJs d'un bout à l'autre de la planète. En 2012, il renouvelle l'exploit et sort deux singles incontournables : I Rave You et Bonny.
De passage à Strasbourg pour la soirée Rhenus Replay, Basto a accepté de me rencontrer pour parler de son début de carrière fulgurant, de ses racines musicales, ses side-projects, son prochain single - et même son album à venir.


Y Y F : Bonjour Jef, enchanté de te rencontrer. Comment vas-tu ?

JefÇa va très bien! Le temps n’est pas fameux aujourd’hui, j’ai beaucoup travaillé, mais j’ai pu me reposer un peu donc j’ai envie de jouer.

Y Y F : Tu es content de jouer à Strasbourg ce soir ?

Jef : Oui. La France ce n’est pas vraiment comme l’étranger pour moi, parce que c’est près de la maison, et que j’y joue beaucoup. Je me débrouille de mieux en mieux en français, donc c’est presque comme être à la maison.

Y Y F : Tu connais les autres DJs qui jouent ce soir ? DJ Antoine, Cascada, etc. ?

Jef : Je connais DJ Antoine, Cascada, Big Ali, mais pour être très honnête, les autres je ne les connais pas.

Y Y F : Tu es en tournée actuellement ?

Jef : En fait je suis en tournée toute l’année, parce que le rythme est tel que presque tous les week-ends je suis à l’étranger, dans des clubs, festivals, dans des hôtels et des aéroports ; la semaine j’essaye toujours d’être en studio pour travailler sur des titres différents - pour moi, et pour d’autres artistes aussi.

Y Y F : Y a-t-il un club, un festival dans lequel tu as préféré jouer cette année ?

Jef : Il y a un choix assez large… Peut-être plus Tomorrowland qu’un autre, pas nécessairement pour le festival lui-même, mais parce que tous les gens savent que j’ai joué là grâce à la vidéo de Again And Again, et ça en fait quelque chose de spécial pour moi : les gens associent Tomorrowland à Basto


Y Y F : Tu vas jouer à Hoogstraten, ta ville d’origine, le 1er décembre. As-tu hâte d’y être ?

Jef : C’est spécial parce que je joue très peu en région, étant presque toujours à l’étranger, et que j’étais DJ résident pendant plusieurs années dans le club dans lequel je vais jouer. Je connais beaucoup de monde, je retrouverai des amis… Je ne suis pas pressé d’y être, ni stressé, c’est au contraire assez amusant d’y jouer, très relax.

Y Y F : Est-ce que tu peux me parler de tes racines musicales ? Tu as commencé en 2005, je crois ?

Jef : J’ai commencé à produire à un niveau professionnel en 2004-2005 ; avant, j’ai appris le métier de DJ : mon père était lui aussi DJ, et dès 16 ou 17 ans je me suis mis au DJing. Je joue également du piano depuis mes 3 ans. À un moment j’ai réalisé que je pouvais moi aussi créer la musique que je jouais en club, et j’ai commencé à produire.

Y Y F : Quelle est ta pièce musicale favorite ?

Jef : C’est une question très difficile, parce que j’aime énormément la musique classique. Pour la musique symphonique, je dirais Tchaikovsky, « Le Lac des Cygnes », un ballet qui composait la bande-son d’un film que je regardais avec mon frère quand nous étions petits. Je connaissais la musique par coeur à 4 ou 5 ans.
Pour le piano, je dirais presque tout de Claude Debussy, un compositeur français de la fin du XIXème, début du XXème, dont j’ai joué beaucoup de morceaux.

Y Y F : Dans le clip d’Again And Again, on peut te voir jouer du piano tout en manipulant la table de mix. De quoi est composé ton live setup ?



Jef : Pour la vidéo, on a organisé quelque chose de spécial. Même si, dans l’idéal, j’aimerai que tous mes sets soient équipés d’un piano, ce serait très difficile pour arranger tous les détails. Les festivals dans lesquels je joue sont dédiés aux DJs, et le système n’est pas adapté à un tel ajout, ça demanderait trop de travail aux équipes techniques. Mais je veux commencer à l’intégrer de plus en plus dans le futur, parce que c’est beaucoup plus cool que de faire un set DJ.

Y Y F : Le morceau qui t’a rendu célèbre en France est Gregory’s Theme, un hommage au personnage culte de Hugh Laurie, Gregory House, originellement écrit comme une pièce orchestrale, et plus tard transformé en titre dance.


Jef : Ce n’était pas vraiment une pièce orchestrale, mais plutôt une pièce de piano que j’ai écrite en ayant en tête l’idée de la transformer en pièce orchestrale ou filmique, jusqu’à ce que le patron de Spinnin’ Records l’entende chez moi et me demande de la transformer en morceau house.
C’est assez amusant parce que j’ai reçu hier soir une vidéo de l’orchestre itinérant Night of the Proms (Belgique, Luxembourg, Allemagne et Suède) qui joue des grands classiques et de la pop - Roxette, Simple Minds - et qui a joué hier soir à Anvers une version symphonique de Gregory’s Theme ; le conducteur de cet orchestre est mon professeur de piano du Conservatoire d’Anvers. Je pense qu’il ne sait pas que c’est moi qui l’ai fait ! C’est très amusant.

Y Y F : Y a-t-il une chance qu’on puisse écouter un jour ta version au piano de Gregory’s Theme ?

Jef : Je n’ai jamais enregistré le morceau, mais peut-être qu’il sortira un jour, ce serait très cool.

Y Y F : J’ai découvert dans ta biographie que tu as de nombreux alias, notamment Lazy Jay, crédité sur l’excellent single d’Azealia Banks, 212. J'aimerai tout d’abord te dire que le travail sur ce morceau est tout simplement excellent. Est-ce que tu peux m’expliquer comment tu as fini par travailler avec elle ?



Jef : Lazy Jay est en fait une collaboration : moi je fais tous les trucs dans le studio, et mon frère est DJ Lazy Jay. Le morceau, Float My Boat est une instrumentale qui date de 2009, et qui était déjà très célèbre dans les clubs et dans le monde des DJs. Azealia l’a découvert et en a fait une chanson quelque deux années après.
Basto est assez éloigné de Lazy Jay. Il est très House, Progressive, européen et mélodique ; Lazy Jay est très américain, avec des influences Hip Hop, Chicago House - moins mélodique - et plus porté sur les beats et les electro basslines.
Tu peux l’entendre dans ma dernière production débutée sur les radios françaises lundi, le nouveau titre de will.i.am et Britney Spears - Scream And Shout. Sur Beatport, ça s’appellera will.i.am featuring Britney Spears and Lazy Jay.

Y Y F : Tu as abandonné le point d’exclamation dans Basto. Pourquoi?

Jef : C’était intéressant dans les playlists radios de voir Basto!, on se dit « ça doit être important !», mais avec le nouveau logo, le point d’exclamation n’était pas esthétique, donc on l’a laissé de côté.

Y Y F : Tu as gagné un NRJ DJ Award il y a à peine plus d’une semaine. Est-ce que tu t’y attendais ?


De gauche à droite : Basto, Joachim Garraud et Bob Sinclar

Jef : Oui. Heum… Je ne m’y attendais pas vraiment parce que j’étais dans une catégorie avec des Français, pour un prix français, mais durant la soirée, l’assistante de production était très nerveuse et voulait savoir où je m’étais installé, donc je pensais « Si je ne gagne pas, elle n’a pas besoin de savoir où je suis ». J’ai donc pensé gagner à ce moment-là.

Y Y F : Est-ce que tu peux nous parler de ton prochain single, StormChaser ?



Jef : Il sort le 7 décembre, et jusqu’à présent les réactions sont énormes. J’étais très surpris - j’aime la chanson - mais les réactions étaient vraiment très enthousiastes. On verra!  Je ne préoccupe pas trop de voir si c’est un tube ou pas. J’aime faire de la musique et je suis content de la sortir sur le label, c’est ça qui est important pour moi.

Y Y F : Le titre me rappelle ton single de 2011, CloudBreaker. Est-ce que - pour le dire comme ça - tu aimes les nuages ? Est-ce que c’est un thème sur lequel tu travailles ?



Jef : Il n’y a pas de vision ou d’intention avec ce titre. Je voulais appeler CloudBreaker « Break In The Clouds », mais le titre était déjà pris, et j’ai changé pour ne pas créer de confusion. StormChaser, est une référence à la série de National Geographic ; c’est quelque chose que je veux faire un jour. Comme le morceau est assez agressif, j’ai pensé « wow, StormChaser ».

Y Y F : Qu’est-ce qu’on peut attendre de toi en 2013 ? Plus de collaborations, de singles ?

Jef : Oui, je vais faire quelques collaborations très cools. Très très cools. Je ne peux pas dire grand-chose dessus parce que je veux finir les titres d’abord, mais je veux faire un album, trois ou quatre singles - pour Basto - et des remix également, donc l’année s’annonce remplie.

Y Y F : Sur Facebook tu as écrit que ton groupe préféré était U2. Est-ce que c’est vrai ?

Jef : Oui c’est vrai ! J’écoute depuis que je suis petit ; j’ai tous les albums, plusieurs fois - éditions limitées et tout ça. Je ne sais pas quoi dire de plus là-dessus, je les aime beaucoup.

Y Y F : Tu as déjà pu les voir en concert ?

Jef : Oui ! Chaque fois qu’ils sont en Belgique ou en Hollande, je vais les voir.

Y Y F : Y a-t-il un artiste, un DJ, que tu voudrais me faire découvrir ?

Jef : Mumford & Sons, que j’aime beaucoup et qui viennent juste de sortir leur second album, Babel.

Y Y F : Quelques mots pour conclure l’interview ?

Jef : Tu as été très gentil. J’espère que tous les lecteurs et les fans aimeront le nouveau Basto, qu’ils continuent à me soutenir comme ça a été le cas en France toute cette année, parce que c’était merveilleux. Merveilleux et spécial, parce que je suis flamand, et que ce n’est pas évident d’avoir du succès en France.


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