Maniacx avec de gauche à droite : Nawak, CKLM, DJ Duff | ©Stella Vonie
Maniacx représentaient en 2008 les dignes successeurs de Puppetmastaz sur une scène alors encore toute fraîche, celle de l'électro/hip hop (et dans des registres moins connus : crunk/grime/hyphy). Après deux albums, un éponyme en 2005 puis Crazy Sounds With The Aliens en 2008, Maniacx disparaît pourtant. C'est seulement en 2012 que le groupe remonte sur scène. Dans cet entretien avec ses trois membres, Maniacx nous parle de son passé, de son présent et de son avenir, en évoquant le parcours atypique de chacun et de nombreux morceaux incontournables à leurs yeux.
YYF : Comment allez-vous ?
NAWAK : Très bien merci, il fait un peu froid, mais bon, ça va.
YYF : Content d’être à Strasbourg ?
NAWAK : Carrément. On repart tout de suite après en Suisse, c’est la fin de la tournée.
CKLM : C’est la fin du monde.
YYF : La fin du… ah, vous faites une date de Fin du Monde ?
CKLM : Ouais, et comme la Suisse, c’est neutre, on n’aura pas de soucis.
YYF : C’est la bonne planque, ils ont des bunkers pour 114 % de la population.
NAWAK : Parfait.
DJ DUFF : On va être bien.
YYF : Comment s’est passée la tournée jusqu’à maintenant ?
CKLM : Très bien. Tout s’est réactivé.
NAWAK : On était en stand-by pendant un long moment, et là c’est reparti avec la nouvelle formation.
DJ DUFF : L’ensemble des dates s’est bien passé. On a retrouvé notre public et en même temps on en a acquis un nouveau.
YYF : Il y a eu beaucoup de dates sur cette tournée ?
CKLM : 16 en tout.
NAWAK : Ça a commencé fin octobre, par phase de 3-4 dates chaque semaine, et on est plutôt content. Les salles sont bien remplies à chaque fois, c’est une bonne surprise. Au bout de deux ans, on aurait pu penser le contraire, mais au final c’est super.
YYF : À propos du « stand-by », dans votre biographie il est noté qu’en 2010 Maniacx « a perdu son chanteur ». Est-ce que vous pouvez détailler ?
CKLM : Il est tombé. [rires]
NAWAK : Bon, perdu, ça ne veut pas dire qu’il est mort. Il a simplement décidé de quitter le groupe pour suivre une autre voie ; en même temps, comme on arrivait plus à composer, c’était bien pour nous aussi, pour se poser, rechercher un nouveau chanteur.
YYF : Est-ce que vous pouvez me parler de votre nouvelle formation ? Comment s’est faite la rencontre avec CKLM ?
CKLM : J’ai mis une annonce sur LeBonCoin. [rires]
NAWAK : On l’a rencontré grâce à un pote à nous chez qui on a enregistré nos deux premiers disques. Il savait qu’on était un peu en galère pour trouver un chanteur, il nous a dit « j’ai peut-être quelqu’un pour vous » avant de nous faire écouter un projet de Clément, plus électro. C’était en anglais donc exactement ce qu’on cherchait, mais à la base il ne rappait pas. On a contacté CLKM et…
CKLM :… de fil en aiguille on a commencé à composer des morceaux, on échangeait des sons pour voir comment le courant passait entre nous, puis c’est allé très vite : le tourneur nous proposait des dates, on nous demandait si la reformation était officielle ou non… On a officialisé ça pas longtemps après ; moi j’ai bossé les anciens morceaux de mon côté
YYF : Est-ce que vous avez été tenté de changer le nom du groupe avec la nouvelle formation ?
CKLM : On y a pensé.
NAWAK : Au début, ouais. On s’est dit « On va pas faire du Maniacx ; on va pas se mettre de barrières ». On essayait plein de choses donc ça partait dans tous les sens, puis à un moment on a quand même réussi à recréer le délire, même s’il y a une évolution dans le son, mais au final, non, on a préféré garder Maniacx parce que nous c’est notre truc, c’est le groupe qu’on a créé, on est content de faire ça… On s’est dit que ça pouvait le refaire.
CKLM : Ça nous permet aussi de rester fidèles aux anciens morceaux ; ce qu’on joue sur scène c’est 3/4 d’anciens morceaux, ça reste du Maniacx. Moi je me suis adapté, j’ai fait de nouvelles versions voix, mais le but était aussi de rester fidèle au public.
NAWAK : Garder l’esprit Maniacx.
YYF : On sait que vous venez tous de différentes formations de rock alternatif ; dans combien de groupes avez-vous chacun évolué ?
CKLM : J’ai fait beaucoup de reggae, pendant une dizaine d’années, après j’étais en guitare/voix puis je suis monté sur Paris où j’ai rencontré un DJ ; on a monté un projet un peu expérimental, c’était en développement, il n’y avait rien de vraiment concret et NAWAK et DUFF m’ont proposé de rejoindre le groupe. L’alchimie s’est faite très vite, même si le rap c’était nouveau pour moi.
YYF : En 2008, Maniacx a fait deux featurings avec Puppetmastaz, ce soir vous êtes sur scène avec son chanteur, Blake Worell. Vous êtes toujours en contact avec le groupe ?
DJ DUFF : Pas ce soir nécessairement, mais sur des projets au long terme, oui, on continue d’être en contact avec eux.
NAWAK : Le temps du break on est toujours resté en contact avec lui, il nous a un peu poussés à refaire le groupe, tout ça, donc on pense que ça se fera.
CKLM : On a fait la première date à Paris avec lui, celle de ce soir et la dernière également, demain en Suisse.
YYF : À l’époque, vous partiez d’une mélodie pour construire un morceau, avant de poser des lyrics dessus. Est-ce que vous opérez toujours de la même manière ?
DJ DUFF : Ça peut partir de n’importe quoi, il n’y a pas vraiment de règles. C’est vrai qu’en majorité ça peut partir de mélodies, de beats, mais c’est assez libre, il n’y a pas vraiment de méthode. C’est ça notre méthode. [rires]
YYF : Votre sample préféré sur l’album ? On entend par exemple à deux reprises des chœurs d’enfants.
CKLM : Moi perso c’est sur Circle…
YYF : Annette Poindexter ?
CKLM : Wouah, putain, joli !
YYF : C’est le seul morceau qu’elle ai jamais sorti, du coup c’est assez impressionnant de le retrouver sur le disque.
YYF : Où est-ce que tu l’as trouvé d’ailleurs ?
DJ DUFF : C’est une copine du Québec avec qui on parlait d’une radio Funk qui m’a fait découvrir cette pépite ; je l’ai écouté et j’ai fait le morceau dans la foulée, dès que j’ai reçu l’originale.
CKLM : C’est le premier morceau sur lequel on a commencé à bosser.
YYF : The Hills et Circle montrent une grosse influence pop voire funk. Est-ce qu’on peut s’attendre à la retrouver plus souvent sur vos prochaines productions ?
CKLM : Il peut y en avoir, comme il peut y avoir d’autres surprises, on ne se ferme pas, on reste ouvert à plein de choses ; le fait de s’amuser, de composer… Il n’y a pas de méthode de travail, il n’y a pas de méthode de composition.
DJ DUFF : Même à l’époque on faisait déjà des instrus comme ça ; après quand on faisait la sélection des morceaux pour les albums, en terme de cohérence… On est pas trop parti dans ce délire-là.
NAWAK : Le but n’était pas de refaire ce qu’on avait fait avant ; on n’a pas changé de chanteur pour qu’il fasse la même chose au final.
CKLM : Je prends la relève et c’est un grand défi de satisfaire l’ancien public de Maniacx, les puristes.
YYF : Votre morceau du moment ?
NAWAK : A$AP Rocky — Goldie
DJ DUFF : Mac Miller — Another Night
CKLM : Tout l’album de Kendrick Lamar — good kid, m.A.A.d city
YYF : La musique idéale pour se réveiller ?
CKLM : Groundation — One More Day (Live It Up)
DJ DUFF : Nina Simone — My Baby Just Cares For Me
NAWAK : N’importe quel album des Tribe Called Quest, Slayer.
YYF : Une chanson qui envoie, pour commencer une soirée ?
DJ DUFF : Rage Against, House Of Pain — Jump Around, Kriss Kross
NAWAK : Je laisse la place à DJ Duff… C’est un DJ quand même !
DJ DUFF : Lil Wayne — A Milli
YYF : Qu’est-ce qu’on peut trouver sur votre iPod qui surprendrait votre public ?
CKLM : Donavon Frankenreiter, Xavier Rudd.
DJ DUFF : J’ai une chanson des Musclés qui traîne sur l’iPod. Elle est là, je sais pas trop pourquoi, mais elle est là.
NAWAK : Pas vraiment de truc surprenant à part Uriah Heep, un vieux groupe des années 70 qui vient de mon père.
YYF : Vous avez parlé d’un album en 2013, c’est un projet qui commence à voir le jour ?
NAWAK : C’est même confirmé. Courant printemps 2013 on aura un album prêt à sortir. Ça fait 5 ans qu’on a plus rien sorti, EP mis à part, on attend ça avec impatience.
YYF : Une collaboration que vous aimeriez faire sur cet album ?
NAWAK : Chilly Gonzales !
CKLM : On essaye d’avoir N.A.S en ce moment.
DJ DUFF : Plus sérieusement, on table plus sur une bonne collaboration, bosser avec quelqu’un dont on aime le travail, avec qui le courant passe, plutôt que de chercher de gros noms.
CKLM : C’est pas forcément facile, on ne veut pas s’éparpiller. Si on a un feeling en tournée c’est le top, mais si on veut travailler avec quelqu’un en particulier ça requiert d’autres critères : du temps, des contacts, de l’argent… Il y a l’humain et il y a le business.
YYF : Un freestyle sur Strasbourg ?
CKLM : Là comme ça c’est chaud.
DJ DUFF : Prends une guitare.
CKLM : Je vais faire un truc dégueulasse.
DJ DUFF : Tape sur un bambou.
CKLM : « Strasbourg, la soirée de l’amour
P’ t’être qu’on finira tous bourré
Ça fait pas des rimes en « é »
Et lui il est déjà en train de applaudir
Je peux pas faire de rimes
Mais on peut rire
Parce que je fais du slam
Et qu’en fait Maniacx ce n’est plus de l’électro,
mais du pipeau ».
YYF : Un dernier mot ?
CKLM : Ben c’était un bon freestyle de merde ! [rires]
DJ DUFF : Merci à vous, à tous ceux qui sont venus nous soutenir pendant la tournée. On repart sur la route en février et on espère tous vous y voir.
Merci au groupe, à Christophe de Medside Management pour avoir permis l'entrevue, à Anatole et Stella pour avoir respectivement aidé à rédiger l'interview et avoir pris les photos du groupe (et pour être les plus beaux).
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